Extraits des livres publiés :
Les Chroniques de Destiney-
Tome 1 : A l'encontre du destin
Prologue
Une vingtaine d’années auparavant, avant que notre histoire ne commence, l’empire de Gallien était dirigé par le Souverain Dimitri et son épouse Aliéna. Celui-ci réunissait cent cinquante mille habitants de tout horizon : boulanger, pâtissier, nobles, paysans et était divisé en trois royaumes : le royaume de Galactée, habité par les fées et les elfes, était gouverné par le couple impérial ; le royaume de Mynos où vivaient les guerriers (centaures et magiciens) dirigé par le roi de Mynos lui-même ; c’était un royaume à l’atmosphère glaciale et sombre portant le nom de « Royaume de l’Ombre » gouverné par un roi tyrannique et machiavélique. Le royaume de Galactée évoquait une immense prairie verdoyante où se nichait une cité médiévale regroupant des maisons construites à partir de briques rouges, aux toits recouverts d’ardoises ce qui leur donnait des airs de petites chaumières, une impression renforcée par la fumée qui s’échappait des cheminées. Les habitants aimaient leurs souverains car ils ne manquaient de rien. Dimitri était un jeune homme âgé de vingt ans, mesurant un mètre quatre-vingt-dix, blond aux yeux verts et possédant un corps d’athlète. Il venait régulièrement en aide aux habitants de son royaume. Lors des récoltes, Dimitri ne prenait qu’une petite partie et laissait plus de la moitié à l’agriculteur. Chaque semaine, il se rendait au village de son royaume accompagné de plusieurs paysans et ses serviteurs pour remettre aux villageois une grande ration de provisions. Quand son peuple était en danger, il n’hésitait pas à venir se battre à ses côtés avec son armée. Il avait exercé et entraîné de nombreux hommes aux combats, certains d’entre eux n’étaient simplement que des écuyers, des maréchaux ferrant, des agriculteurs, des boulangers… Mais suite aux entraînements, ils étaient devenu les valeureux et courageux « Destinien ». Quant à son meilleur ami, du même âge que lui, Aaron Luxor Thorn, roi du royaume de l’Ombre, il était un sombre et odieux personnage. C’était un homme d’un mètre quatre-vingt-dix, athlétique, brun aux cheveux bouclés, ses yeux d’un noir profond au regard intense et dur, était quant à lui dédaigneux envers les gens de son pays. Si l’une de ses amantes l’avait trompé ou l’un de ses habitants n’avait payé aucune de ses dettes, il les capturait, les torturait et ensuite les condamnait à brûler vif sur le bûcher.
Un jour, lors d’un entraînement dans la foret « Fairwis » qui séparait le pays de Mynos de celui de Galactée, une jeune femme à longue chevelure ondulée couleur lilas, aux yeux églantines et aux magnifiques oreilles pointues, fuyait les siens. Après avoir échappé à la vigilance de ses parents, elle trouva refuge auprès de Dimitri et Aaron. Elle leur raconta pourquoi elle les avait quittés. Elle se nommait Aliéna et elle venait tout juste de fêter son dix-huitième anniversaire. Comme tous ceux de sa famille, la nature lui avait offert des pouvoirs à la naissance. Mais très vite, elle voulait s’en débarrasser car à cause d’eux elle avait sombré dans la folie et la mélancolie. Le jour de ses dix-huit ans et après avoir longtemps réfléchi, elle rassembla ses affaires et s’enfuit de chez elle. Émue par son récit, le roi de Galactée invita la demoiselle dans son château. A partir de cet instant et les jours qui précédèrent, Dimitri avait succombé à son charme. Chaque après-midi, il se promenait en compagnie de la jeune Aliéna dans les contrées de son royaume. Le soir, ils avaient le droit à un dîner aux chandelles. Plus le temps passait, plus Aliéna découvrait le véritable amour en Dimitri, à la plus grande déception d’Aaron qui était tombé éperdument amoureux d’elle le jour où il l’avait rencontré. Mais son plus grand drame, fut d’apprendre que celle qu’il aimait allait épouser son meilleur ami, de l’Ombre devint fou de rage. Ivre de vengeance et d’ambition, il plongea les deux royaumes dans un conflit sans fin, plantant ses griffes au sein de l’empire, mettant à feu et à sang les royaumes de Galactée et de Mynos. Dès la première année de la confrontation entre les pays, Aliéna mit au monde une petite fille qu’elle nomma Destiney. Mais cette guerre dura plus longtemps. Les soldats au service d’Aaron avaient saccagé des villages entiers, anéantissant un grand nombre d’habitant. Des femmes et des enfants sans défense furent tués, laissant leur mari sombrer dans la solitude, la dépression d’avoir perdu les êtres les plus chers à leurs yeux. Apprenant par leur messager, les importants dégâts provoqués par Aaron, Dimitri et sa femme convoquèrent le souverain à se rendre au palais impérial pour parlementer d’un futur traité de paix. Ils firent parvenir une missive au royaume de l’Ombre. Dans les deux heures qui suivirent, le monarque les avait rejoints. Les deux hommes discutèrent longuement sur le traité pour en arriver à la conclusion. En échange de la libération des royaumes, l’empereur fut contraint de fiancer sa fille au roi de l’Ombre. Ce fut un grand sacrilège pour Dimitri et Aliéna de sacrifier leur enfant, mais c’était pour le bien de leur peuple. Désormais, tous leurs espoirs reposaient sur Destiney.
Elle devrait l’épouser le jour de son dix-huitième anniversaire. Les années passèrent, la princesse Destiney grandit et devint une jeune femme à la beauté légendaire. Son visage de porcelaine était encadré par une somptueuse chevelure parme, de magnifiques anglaises retombant sur ses hanches. Ses yeux rose pâle étaient cerclés de violet et elle possédait des lèvres pulpeuses rouge vif. Elle était désirée et était aussi le fantasme de nombreux hommes. Mais sa splendeur n’était pas l’unique chose qu’elle avait hérité de sa mère. Comme elle, elle possédait un caractère doux et bon. La jeune femme avait grandi avec l’amour de ses parents, d’ailleurs le peuple l’aimait autant que leurs souverains. Quand elle était enfant, Destiney était amoureuse du jeune prince de Mynos, Nathanaël de Mérac. Ce dernier était un petit garçon mesurant à l’époque un mètre cinquante, brun, des yeux bleus océans qu’il avait hérité de son père, mais aussi un caractère bien trempé. Durant la guerre, il fut enlevé à l’âge de huit ans. Tous les habitants ignoraient où il était et si il était encore de ce monde, mais des rumeurs circulaient. Tous le croyait mort. Sauf Destiney. Bientôt âgé de dix-huit ans, elle devait affronter son destin et épouser le roi de l’Ombre, et ranger au fond de son cœur le souvenir d’un amour perdu.
La Belle aux Talismans :
En cette fin d’année 1699, à l’approche d’un nouveau siècle, l’hiver était si rude qu’il me paraissait interminable. Arpentant l’allée principale enneigée du village d’Enda, au royaume de Devon, je regardais les maisons aux allures de petites chaumières. Les murs étaient construits à partir de briques rouges, les toits aux tuiles grises étaient noircis par les caprices du temps. Elles ressemblaient à celles que l’on trouvait dans les contes de fées. Alors que j’observais la fumée qui sortait des cheminées, elles me semblaient chaleureuses et réconfortantes. Récemment, j’avais trouvé de la toile de jute et je m’étais confectionné un corset, cousu sur un long jupon, et une cape assortie à ma misérable tenue, pour me tenir chaud. Je n’avais qu’une envie, c’était de me blottir dans l’une de ces demeures pour me réchauffer. Je sentais la bonne odeur du pain chaud qui s’échappait de la boulangerie. Mon ventre criait famine car je n’avais pas mangé depuis plusieurs jours. Je retournai les poches de mon mantelet dans l’espoir de trouver une petite pièce ; mais rien, pas le moindre centime. Il ne me restait plus qu’à commettre encore un autre délit. Je n’avais pas le choix ; si je voulais survivre, je devais voler de la nourriture. Je m’étais jurée de ne pas recommencer si je ne voulais pas finir comme ces pauvres prisonniers condamnés aux travaux forcés ou à la pendaison. Le Prince Dévison, qui régnait sur notre contrée avec tyrannie, ne laissait aucune chance aux gredins. Plusieurs mains furent coupées sur ses ordres, il était un monstre à mes yeux. Par sa faute, à l’âge de quatorze ans, moi, Annabelle Clairdelune, j’étais devenue orpheline. Deux ans auparavant, j’avais assisté à la mort de mes parents sur la place publique. Ils avaient été condamnés au bûcher pour ne pas avoir payé à temps leur dette pour notre terre ; dette qui revenait au souverain. J’avais l’impression que de là-haut, depuis les cieux, ma famille veillait sur moi. Je ne devais pas les trahir et je devais tout faire pour survivre dans ce monde de brutes. Mon estomac gargouillait bruyamment, me rappelant à quel point j’étais affamée. Je n’avais plus que la peau sur les os ; mes côtes étaient apparentes. Je devais vraiment me nourrir. Je regardai aux
alentours : aucun garde à l’horizon. J’allais exécuter mon dernier larcin et le remporter une fois de plus. J’avançai d’un pas déterminé vers la boulangerie qui se situait au bout de la rue principale. Arrivée devant celle-ci, mon cœur battit à tout rompre, comme s’il voulait bondir hors de ma poitrine. Les mains moites, je refermai mes doigts sur mes paumes et passai le seuil de la porte. A l’intérieur, les clients attendaient impatiemment d’être servis. Les courtières s’occupaient de la clientèle avec efficacité et bonne humeur. Il y avait beaucoup trop de monde pour voler une miche de pain et, pourtant, celles-ci étaient disposées dans un panier à portée de ma main. Je risquais de me faire repérer. Je n’avais pas le choix, je devais trouver une autre solution. Soudain, une idée surgit dans mon esprit. Je sortis de la boutique et me dirigeai vers le fournil. Arrêtée devant une grande porte en bois, je m’agenouillai face à elle, de peur d’être vue par le boulanger. Je me relevais de temps en temps pour observer le pâtissier. Quand soudain, pour ma plus grande joie, son apprenti déposa sur le rebord de la fenêtre un plateau bien garni qui sortait tout juste du four. L’agréable odeur des croissants chauds me fit frémir d’impatience. Dès qu’il eut le dos tourné, je me précipitai vers les délicieuses pâtisseries pour en dérober quelques-unes. Après avoir caché les feuilletés brûlants dans les poches de mon manteau, je
courus à grandes enjambées, de peur d’être prise en flagrant délit. Je m’arrêtai dans une ruelle, sortis l’un des deux croissants et coupai l’extrémité du bout des doigts. Je pris mon temps pour le déguster. C’était divin. Je recommençai ce rituel avec le second croissant. A la fin de mon succulent mais miséreux repas, j’entendis au loin le son de la cloche. Elle retentit quatre fois. Je n’avais aucune envie de rentrer pour faire mes corvées. Ce fut donc d’un pas lent que je me dirigeai vers l’auberge Don Lorenzo.